S’abonner à tout prix ?
1 732 € c’est le montant des dépenses sur abonnement par an et par personne selon une étude du magazine « Que Choisir » en 2020. Un montant qui se répartit entre des abonnements clairement identifiés : internet, services bancaires, forfait mobile, TV payante, transports et d’autres moins clairement définis qui représentent tout de même 20% du montant total… Alors serions-nous à terme programmés pour vivre sur abonnement ?
Une logique d’abonnement
Pour répondre à la question, Philippe Moati professeur d'économie, a dressé/identifié 3 types d’abonnements : le plus classique et le plus diffusé : c'est l'abonnement qui se substitue à une série de ventes à l'unité. Cela existe dans la presse en ligne depuis longtemps (le fameux, cet article est réservé à nos abonnés) et maintenant pour le cinéma ou les paniers de légumes par exemple. Il y a ici une logique de fidélisation. L'abonnement privilège lui consiste à payer un abonnement afin de bénéficier d'avantages. C’est le cas de la Carte Fnac, ou plus récemment les enseignes de grande distribution comme Monoprix ou Casino qui proposent des livraisons gratuites (ou à moindre coût), des offres réservées aux abonnés, des cagnottes etc. Enfin l'abonnement serviciel, qui est en fait un abonnement location. Vous payez un abonnement pour jouir d'un bien, d'un équipement. Chez Decathlon, on peut ainsi louer des bicyclettes par exemple plutôt que les acheter. L’abonnement serviciel, à savoir le bénéfice de l’usage du produit plutôt que sa propriété, est la forme la plus récente d'abonnement et se veut aussi annonciatrice d’un profond changement d’habitudes toujours selon Philippe Moati.
Certains abonnements, qui proposent des biens « en location », plutôt qu'en achat revendiquent un côté « responsable » économiquement avantageux. Kevin Mellet, sociologue l’explique : « De nombreux secteurs ont souffert économiquement : la musique, la presse ou encore le cinéma. Ces acteurs-là ont cherché des modèles économiques pour lutter contre le piratage ou la gratuité avec un système d’abonnement qui a le mérite pour les entreprises d'assurer une récurrence des revenus dans un environnement d'hyper concurrence ».
Comment savoir dès lors jusqu’où s’étendra cette mode de l’abonnement ? Se nourrir, s’informer, faire du sport, s’amuser… Faudra-t-il un forfait pour tout dans quelques temps ? On peut le penser avec le dernier exemple en date marquant : la chaîne de restauration Pizza Del Arte qui propose un abonnement mensuel permettant de manger chaque jour dans ses établissements…
Une mutation des pratiques et des usages
80 % des Français seraient d’accord pour considérer que le plus important est l'usage plutôt que la propriété. Si l'on prend pour exemple la plateforme de vidéos à la demande Netflix, on ne penserait plus du tout à la mettre en concurrence avec l'achat physique de DVD ! Mais cet attachement à l'usage reste variable. On peut renoncer assez facilement à acheter des outils spécifiques par exemple ou des équipements de loisirs ou encore des moyens de transport, en revanche, on renonce nettement moins à la propriété de ses vêtements, de son smartphone ou du gros électroménager.
Il s’agit dès lors d’être en mesure de faire la part des choses et voir ce qui est utile pour soi. Car il ne faut pas oublier que les abonnements ne sont pas toujours aussi avantageux qu’ils peuvent paraître. Comme il s'agit de prélèvements - il n'y a pas d'acte d'achat - on n'a pas forcément conscience des coûts engendrés et l’on participe aussi à ce développement de l'abonnement.
Ainsi selon la même étude Ipsos, 47 % des Français se seraient déjà sentis piégés par un abonnement (offre du 1er mois gratuit, facilité à souscrire, difficulté à résilier), et 40 % continuaient à payer des abonnements qu’ils n’utilisaient plus ou à peine. De l’argent jeté par les fenêtres en quelque sorte…
Autre effet pervers de l’abonnement… pousser à la consommation. Dans un monde où un Français consomme 2,7 fois plus que ce qu’il faudrait pour la planète, l’abonnement, qui permet de tout avoir et de tout consommer, aurait intérêt à une sérieuse mutation pour devenir un modèle sain… En témoigne la théorie du buffet à volonté qui voudrait que l’on se serve et/ou que l’on mange plus que notre faim, pour « rentabiliser » le prix. Appliquée à une économie plus récente, combien de films ou de séries Netflix n’aurions-nous ainsi pas visionnés s’il fallait les payer à l’unité ? Il s’agit dès lors d’analyser ses différents types d’abonnements, leur pertinence, leur utilité, le rapport coût/ bénéfice et de connaître en amont les modalités de souscriptions et de résiliation pour choisir en toute connaissance de cause.
Rédactrice : S. Royer
Source : Étude Ipsos pour Papernest « La consommation par abonnement : Nouvelles habitudes de consommation et impact sur le budget mensuel des Français » Septembre 2021
5 conseils de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) à appliquer avant de souscrire un abonnement :
• Se méfier des offres trop avantageuses : un iPhone dernier modèle a un euro alors que son prix est de plusieurs centaines d’euros environ, est-ce possible ? Peut-on croire à une offre de chaussures (en cuir) à 9,99€ ?
• Vérifier que les informations obligatoires sont présentes : nom ou raison sociale, adresse de siège social, adresse de courrier électronique, coordonnées téléphoniques et autres informations légales prévues (numéro RCS, capital social etc.)
• Disposer des informations principales sur support écrit ou tout autre support durable après la conclusion du contrat : confirmation des informations précédemment données (nom, coordonnées, frais de livraison, conditions et modalités du droit de rétractation etc.)
• Être au courant des conséquences de son engagement : lors du récapitulatif de la commande : le consommateur doit avoir la possibilité de modifier ses choix et de corriger ses erreurs éventuelles.
• Connaître et pouvoir exercer son droit de rétractation : dans le cadre d’un contrat conclu à distance, le consommateur bénéficie d’un droit de rétractation et doit être informé sur les conditions et les modalités d’exercice de ce droit.
Pour signaler un problème de consommation et se renseigner sur ses droits, rendez-vous sur le site SIGNAL CONSO
Pour contacter la DGCCRF : Tél. 0809 540 550
Adresse postale : DGCCRF - RéponseConso - B.P.60 - 34935 Montpellier Cedex